Au fond

Vanessa Palsenbarg« De l’or jeté dans la boue, c’est quand même de l’or. »

Le type repart aussi mystérieusement qu’il était venu, il disparaît dans la foule après une conversation qui aura duré trois minutes.

Et moi je reste là, les larmes aux yeux, les bras ballants, faisant de mon mieux pour ne pas tomber en miettes avant que ma copine arrive, avant qu’on rentre toutes les deux dans le cinéma en riant l’air de rien, après s’être dûment payé un seau de popcorn.

Ça, c’était il y a plus de 10 ans, devant le Gaumont des Halles à Paris. Ça, c’était une bouée lancée de nulle part juste pour moi.

C’était réaliser que Dieu me voyait bien, là, perdue dans mes questions, les pensées en tornades depuis des mois.

Je me suis sentie vue et comprise et aimée d’une manière intime et puissante; aujourd’hui encore le mystère impossible d’un amour aussi grand et si personnel et constant me met les larmes aux yeux.

Comme si mes murs précieux de protection, érigés au fil des années, comme si ma façade de ‘belle et drôle’ n’avaient aucune importance. Comme si quelqu’un avait vu directement au fond de moi, à la manière d’un harpon lancé avec dextérité par un pêcheur expérimenté.

Toi, là. Juste toi.

Mon Créateur voyait ce que je ne regardais plus, ne connaissais plus. Une irruption dans mon histoire par l’Auteur, se révélant l’espace d’un instant pour interrompre la tristesse, mon sentiment d’être bloquée, l’échec de mes raisonnements et me souffler là, au milieu de la foule anonyme la réponse à toutes mes questions.

J’ai redécouvert cet or il y a quelques mois, en ‘nettoyant le compost de mon âme’, comme le dirait Jamie George. J’ai pu mettre des mots sur l’essence de mon être, sur qui je suis et ai toujours été. J’ai pris l’avion direction Kansas city, pour une espèce de conférence-thérapie appelée ‘Focus’ avec 26 autres personnes, dont Brett.

On a tous travaillé, ensemble et séparément, chacun sur son ‘soi’ propre, quelques weekends cet été, guidés par des thérapeutes empreints de patience et de sagesse et d’empathie.

Alors voilà, je suis repartie avec ces trois mots, ‘worthy, strong, beautiful’. C’est mon ‘contrat’, c’est l’or qui était caché sous les mots des autres, sous l’envie de plaire, ne pas décevoir. Enfoui sous les critiques subtiles, adoptées au fil du temps comme des vérités, sous mes inquiétudes, mon impression de ne pas faire assez, de ne pas être assez.

Worthy. Strong. Beautiful.

Je respire ces mots que je m’approprie lentement, ces mots qui me permettent d’etre en paix, de reprendre confiance en moi, de regarder à l’essentiel.

C’est un nouveau chemin, plus lumineux, même dans le tumulte du ‘tous les jours’; une promesse renaissant chaque jour, une perspective nouvelle.

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